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Alice Roca a créé le blog Alice in Food (regarder, manger, cuisiner, trouver, lire, écouter, partager) il y a huit ans, où elle partage un art de vivre, à travers des inspirations, des recettes, et de très belles photos. Alice Roca a grandi à Toulouse puis est allée à Paris, faire des études de mode, afin de devenir styliste de mode, en-prêt-à-porter femme, un métier qu’elle exerce toujours aujourd’hui. Cependant, elle laisse de plus en plus de place à ses activités autour de la cuisine. Elle est installée à la campagne à cent kilomètres de Paris depuis six ans. Nous avons rencontré Alice, pour parler de cette expérience à la campagne et de son amour des bonnes et belles choses et de la cuisine…
Bonjour Alice ! Peux tu nous parler de la création de ton blog ?
J’ai ouvert ce blog quand j’étais enceinte de mon fils, en 2014. J’y pensais depuis des années sans oser le faire, car je ne savais pas ce que j’allais apporter de différent ou de mieux. Mais le plaisir de le faire à pris le dessus, et j’ai décidé de me lancer. Je partageais des recettes, des conseils, des découvertes, des photos de mes compositions, des fruits posés sur la table, ce genre de choses. Puis j’ai ouvert mon Instagram en 2016, plus axé sur le côté campagne, tout naturellement.
Avant d’aller à la campagne avais tu déjà un rapport fort aux produits ?
Oui aux produits, et à la cuisine, à la nourriture. Je faisais déjà mon pain, et tout maison. En rentrant du travail, à minuit je pouvais être en train de préparer un plat pour le lendemain.
Cela a t-il coïncidé avec une prise de conscience écologique ?
Les deux sont allés ensemble. Mon père m’a transmis cette conscience, il a toujours fait un compost pour le jardin. J’avais cette conscience de manger bien, savoir ce que tu manges, d’où ça vient. À Paris, je faisais déjà très attention aux déchets, j’avais lu le best seller sur le zéro déchet, je refusais le plastique.
Qui t’a donné le goût de la cuisine, des fleurs ?
Ma mère, qui cuisine très bien, tout maison. Elle adore les livres de cuisine et m’a transmis cela. On avait une maison de campagne, on allait au marché, on faisait des bons plats. Petit à petit je me suis intéressée au produit, au fait d’acheter les bonnes pommes du producteur, le bon cidre fermier…C’était déjà assez fort. Maintenant cela paraît normal. Sinon, ma mère cultivait des fleurs dans son jardin, et il y avait toujours un bouquet cueilli dans le jardin, ou acheté, chez nous.
Pourquoi cette vie à la campagne ?
La mère de ma femme a perdu son mari et s’est retrouvée seule dans cette grande maison de Verneuil-sur-Avre qu’elle a décidé de vendre après le premier hiver. C’était une maison où nous allions le week end pour une bouffée d’air. Un jour, en rentrant d’un week end, sur un coup de tête, on a décidé de l’acheter car nous étions trop tristes de perdre cela. On a fait des travaux, organisé le départ de mon travail, et finalement on s’est installées en Juillet 2016.
Comment s’est modifié ton rapport au vivant depuis ?
Ma sensibilité au vivant s’est exacerbée. Par contre cela n’est pas parce que tu es à la campagne que tu es en contact avec le vivant, tu peux t’en couper complètement si tu le veux. Il faut chercher ce contact, le vouloir. Une fois que tu es dans cette ouverture, que tu t’y consacres, c’est très puissant. Cela fait six ans que je suis là, et chaque année je découvre des nouvelles plantes sauvages. J’aimerais apprendre à mieux les connaître. Sinon c’est les arbres, les plantes, l’observation de ce qu’il se passe dans le jardin, la sensibilité à la lune, et à la météo en général… C’était très dur de voir les plantes souffrir lors de la canicule de Juillet. On remet tout en question. Le vivant c’est aussi les animaux. On a décidé de laisser les 3/4 de nos 4000 m2 en prairies. On tond seulement devant la maison, pour les enfants. Nos massifs sont dans des prairies, moins en valeur, mais c’est une nouvelle façon de penser le jardin. Clairement on a plus de mulots, ce qui met le potager en danger, mais c’est tout un écosystème. Les insectes, les bêtes, sont très présentes dans notre quotidien, cela n’est pas aseptisé. On a beaucoup de mouches, on n’a pas pu faire un repas dehors à cause des guêpes quand il a fait chaud. Le vivant est très présent, mais c’est intéressant.
Tu as un potager et tu cultives tes fleurs toi-même, qu’est-ce que cela t’a appris ?
L’humilité. C’est un travail constant. Par exemple, je récupère les chrysanthèmes dans les poubelles de vert, car les gens les jettent. Comme ce sont des vivaces tu les replantes et tu as des chrysanthèmes dans ton jardin à l’automne. J’avais beaucoup de chrysanthèmes à un endroit, et j’ai planté de la consoude que j’avais récupérée en bordure de forêt. La consoude a mangé les chrysanthèmes ! Ce genre de choses se passent tout le temps. J’apprends tout le temps, je remets en question, en apprenant des autres, ou en constatant ce qui ne marche pas. Il faut réfléchir et s’adapter en permanence. J’adore enrichir le jardin de nouvelles variétés aussi. Si tu vas dans la jardinerie près de chez toi tout est standardisé donc je vais à la recherche de différentes fleurs de variétés anciennes, je pense en couleurs, j’adore cela.
Tu donnerais quel conseil à un citadin qui souhaite s’installer à la campagne, comme toi ?
Je lui dirais d’observer. Moi j’ai voulu aller trop vite. J’ai arraché des pavots par mégarde, on m’avait dit que c’était des mauvaises herbes… Par rapport au jardin je conseillerais une première année d’observation sans intervenir. Voir ce qui pousse, ce qui sort, la lumière, le vent. Puis pour la vie à la campagne, je conseillerais de partir quand on a déjà construit sa vie sociale, c’est plus facile. On se sentirais peut-être plus isolées si on n'avait pas cet âge, en étant en plus free-lance…
Comment tu qualifierais ta cuisine ?
De saison, très végétale, légumière, potagère… J’aime bien les plats généreux pour des grandes tablées. J’ai cette curiosité végétale pour les plantes, les herbes, les fleurs comestibles. J’ai envie d’explorer cela encore plus…
Y’a t-il un.e producteur.rice dont tu voudrais nous parler ?
Mon producteur du coin ! Daniel Mullet, le jardin des Pelletiers, que j‘ai cité dans mon livre, qui travaille en maraîchage et en sol vivant…
As tu un restaurant de coeur ? Une découverte ?
Je suis allée à Fulgurance Entrepôt (Paris 14ème), un endroit très agréable, derrière le cinéma, avec en ce moment le jeune chef Patrick Nguyen en résidence, c’était très bon.
Y’a t-il un blog qui t’inspire que tu voudrais partager avec nous ?
Le compte de Gill Meyer, tout me fait envie, beaucoup de cuisine de barbecue, idéal pour l’été.
Une astuce zéro déchet ?
On prend les restes d’une salade de fruits, on la mixe avec un peu de sucre et du jus de citron pour faire un sorbet. On peut aussi faire un granité…
Un.e fleuriste que tu aimes particulièrement ?
Une Fleur en liberté dans le quartier Montorgueil. Très raisonnable en prix. Simple et magnifique.
Une actualité que tu voudrais partager ?
J’organise des ateliers en Septembre, l'un chez moi à la maison et un autre à Paris chez mes copines Girlzpop, tout est en info sur mon site et mon linktree…
Découvrir la recette de Alice Roca.
Merci Alice !
photographie ©Lital Roca Sarfati
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